Dans le monde des organisations et dans la relation managériale en particulier exprimer ses émotions ou les montrer est encore tabou.
De par notre socle culturel, éducatif, scolaire, etc…. il est inconsciemment ou consciemment socialement “mal vu” de montrer certaines émotions plutôt que d’autres.
Une forme de honte et de croyance vis à vis du “regard des autres” voir même de faiblesse.
Nous sommes en présence d’un phénomène lié au fonctionnement des émotions sociales.
Les émotions sociales pour Antonio Damasio (1) comprennent la sympathie, le mépris, la culpabilité, l’envie, la honte. Les réactions émotionnelles sociales se déclenchent dans les situations sociales humaines, souvent sans stimulus juste par effet de présence et sous la pression du regard des autres. Dans les organisations il est facile d’imaginer ce jeu dans la relation managé/manager.
Les émotions sociales sont utiles pour détecter la différence entre les personnes (conforme / non conforme par rapport à la norme socialement “acceptable”) et, selon Damasio, ont certainement été mises en place par l’évolution pour détecter les dangers, signaler un risque et favoriser l’attaque ou au contraire l’évitement.
Par exemple, montrer que l’on a peur ou que l’on est triste peut être un signe de faiblesse et donc nous faire devenir une proie facile.
C’est le principe d’utiliser une émotion qui en cache une autre parce que c’est celle que l’on ose se permettre.
Ce phénomène est nommé émotions racket par certaines littératures.
J’aime utiliser le terme d’émotions de couverture (en coaching et formation) … en métaphore à la protection d’une couverture pour se cacher et se protéger de quelque chose que l’on ne veut pas montrer.
Voici un exemple réel remonté par un manager lors d’un coaching :
“Je n’ose pas avouer que j’ai peur ou que je suis triste et donc je me mets en colère.
Cette émotion me semble plus adaptée à mon rôle social, et me permet de me défendre (de l’hypothèse) que montrer sa peur ou sa tristesse c’est montrer sa vulnérabilité.
Et un manager ce doit d’être fort et exemplaire. “
Bien sûr, cette personne est en souffrance dans ce rôle. Manager par la colère est non seulement inefficace à tous points de vue et en plus énergivore pour tous.
Malheureusement ce phénomène peut être aussi le cas du collaborateur en face de ce manager et qui va se mettre aussi à son tour en colère pour se protéger de la colère de l’autre….
Je vous laisse imaginer les dégâts sur la qualité de vie au travail et les risques psychosociaux.
On comprend bien ici l’intérêt d’intégrer la compréhension du jeu des émotions dans la relation auprès du management.
Utiliser plus (+) d’émotions positives pour s’épanouir et aller vers les autres et les situations, même confrontantes, va engranger une forme d’hygiène émotionnelle qui va à la fois agir sur notre “être bien” ou bien-être, et aussi sur notre santé mentale, physiologique et physique.
N’oubliez pas que les émotions sont virales et collectives, je vous laisse imaginer ce que la contagion émotionnellement positive peut amener dans les organisations. 🤗🤗🤗
En effet, lier les apports de la psychologie positive avec le développement de l’intelligence émotionnelle prend tout son sens.
En fait, l’émotion couverture est une émotion inadaptée au regard de la situation, et qui veut se substituer à l’émotion d’origine.
Dans mon exemple, je me mets en colère pour ne pas montrer ma crainte. Et donc j’essaie d’endosser l’émotion de la colère pour cacher ma peur. Mais le problème est que l’origine est la peur et donc mon corps, mon cerveau et ma motivation à communiquer va être brouillée.
Techniquement au lieu de dire ma peur (de faire part de ma crainte) et donc d’aller potentiellement vers ce qui va me rassurer … je me mets en colère et je fais fuir potentiellement la solution.
Dans tous les cas je pense que l’on peut dire que dans cette situation, la colère n’est pas bonne conseillère. 😉
Si vous êtes manager et qu’un collaborateur se met en colère (par le ton, le volume) mais que vous n’y voyez pas les signes extérieurs évident de la colère (les mots, la posture …) – comme une sorte de message brouillé/contrarié avec un manque de cohérence – demandez-vous si la personne ose vous montrer ses émotions ?
Les émotions se questionnent nous pouvons l’apprendre et lever les couvertures des émotions cachées.
En tant que manager, il suffit déjà d’en prendre conscience pour commencer à apprendre des émotions.
Utiliser les émotions positives ou plaisantes à ressentir est une véritable discipline de notre bien-être. 😊😊😊
Apprendre de même en tant que manager à faire part de ses émotions et aussi certainement une manière de lever la couverture sur la relation 😉
N’hésitez pas à partager cet article et à me faire part de vos retours. 🙂
Et n’oubliez pas, vos Emotions sont des Ressources.
(1) Les travaux d’Antonio Damasio portent sur l’étude des bases neuronales de la cognition et du comportement (neurologie comportementale). Ils mettent en avant notamment l’importance des émotions et des sentiments dans les processus cognitifs.
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Christophe Gauthier
Dirigeant du cabinet &moi, coach et formateur spécialisé dans l’accompagnement des personnes et des organisations par la gestion des émotions au travail.